Paris, Le 28 Avril

Mon Loulou chéri,

Je viens de recevoir ta lettre du 23 qui m’a un peu effrayée. Te savoir la cible des marmites boches, je t’assure que cela n’a rien de rassurant. Je t’assure que depuis que je te sais dans cette maison, je ne suis plus tranquille. Je préfèrerais de beaucoup ta modeste demeure du Bel-Abri qui était, d’après tes lettres, moins arrosée.

Ce que j’aime, c’est la terminaison de ta lettre : “A part ça, nous sommes assez tranquille ici”. Voyez la tranquillité ! Tu n’es pas exigeant !

J’ai une nouvelle à t’annoncer. J’ai vu Madeleine dimanche, figure-toi qu’elle a rencontré ta soeur à la sortie de l’église St Ambroise. Mais comme Madeleine était avec une dame, elle n’a pu quitter cette dame pour aller causer à ta soeur qui était avec une de ses amies. Elle m’a dit le nom de cette dernière, mais je ne m’en rappelle déjà plus. Quelle tête de linotte ! Enfin, je lui demanderai à nouveau jeudi.

Je regrette qu’elle ne lui ai pas causé, car ce rapprochement ne m’aurait pas déplu, puisque c’était ton idée. Enfin, j’ai tellement ennuyé Madeleine qu’elle m’a promis que la prochaine fois qu’elle rencontrerait ta soeur, elle lui causerait. Puisque Madeleine va tous les dimanches à St Ambroise, il se peut qu’elle la rencontre à nouveau.

J’espère que tu es toujours en bonne santé et que tu reçois plus souvent de mes nouvelles.

En attendant une gentille lettre, je t’embrasse mille fois.

Celle qui t’adore,

Germaine