Tu es admirable

Paris, Le 24 Avril 1915

Mon Loulou chéri,

Tu vas sans doute recevoir cette lettre en même temps que celle que je t’ai écrite hier soir. Cette dernière n’est partie que ce matin. Enfin cela ne fait rien, tu auras deux lettres à lire au lieu d’une. Je ne crois pas que tu t’en plaignes.

Comme j’ai du temps à moi, je viens le passer avec toi, en plus de cela, j’ai à répondre à ta lettre du 18 que je viens de recevoir.

Tu m’apprends dans cette lettre que tu es de nouveau en ligne (tu ne me dis pas où) et qu’au lieu d’habiter une tranchée, tu as pour demeure une confortable maison avec son toit.

Tu es admirable dans tes lettres. Ce que j’admire en toi, c’est cette insouciance que tu montres envers le danger. Tu prétends que deux fois par jour, ta maison est arrosée de projectiles. Et tu t’empresses d’ajouter : “à part ça nous ne sommes pas en danger”. Je veux bien y croire mais je n’en suis pas sûre.

24-04-1915

Tu me dis aussi dans ta lettre que tu ne reçois pas de mes nouvelles. Je ne t’écris plus tous les jours mais je t’écris tout de même très souvent. D’ailleurs tu sais bien que je ne te laisserai pas sans nouvelle.

J’espère qu’en ce moment tu es plus favorisé. Tant qu’à moi, je n’ai pas à me plaindre.

En espérant que ta santé est toujours bonne, je t’envoie mon petit chéri mes baisers les plus doux.

Celle qui t’aime bien fort,

Germaine

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