Vite la fin de la guerre !

Le 10 Juillet 1917

Mon petit Loulou Aimé,

J’espère que tu as fait bon voyage et que tu n’as pas trop le cafard ? Pour ma part, je m’ennuie follement… J’ai passé hier une bien mauvaise après-midi. Il m’est arrivé tout plein de malheurs. C’était pour me remettre de ton départ qui m’a été si pénible !

Premièrement, la femme de ménage a renversé ma petite lampe sur mes souliers jaunes. Résultat : tout tachés de pétrole, plus mettables. Quel gâchis ! Le pétrole les a tout noircis par endroits.

Le soir, mon père qui n’était pas de bonne humeur s’aperçoit d’un accident arrivé encore dernièrement par la femme de ménage. Un candélabre de la suspension qui s’est détaché. Qu’est-ce que j’ai pris !!!!

D’une chose en est venue une autre, et nous avons pris tous les deux ! Il nous a traité d’un joli nom que je préfère ne pas te répéter. Soi-disant que l’on ne s’est pas occupé de lui pendant ta permission. Que nous ne sommes jamais sortis avec lui. Enfin, toujours un tas de bêtises. Quelle soirée !!! J’ai été m’enfermer dans ma chambre à 8 heures. C’est gai ! Hier, j’ai été me coucher, complètement découragée. Heureusement ce matin je me suis ressaisie et j’ai repris un peu de courage. Quelle vie !

Mon pauvre Lou comme je dois t’ennuyer avec toutes mes histoires ! Si tu savais comme je m’ennuie loin de toi. Si je n’ai pas été très courageuse hier, il faut me pardonner, j’ai fait tout mon possible pour l’être, mais ça a été plus fort que moi. Je sais tellement bien que lorsque tu t’en vas les mauvais jours succèdent aux bons et que pour huit délicieux jours, il faut que j’en passe la plus part du temps 30 mauvais. Ah ! lala ! Vite la fin de la guerre, sans quoi j’aurais peur de perdre patience.

Je t’écris vivement, bien malgré moi. Suzanne m’a envoyé un mot pour faire de la bicyclette. J’ai rendez-vous à 2h½ et il est juste cette heure-là. Je vais surement être en retard. J’ai vu Marie-Louise ce matin. Je t’écrirai plus longuement ce soir. Je suis désolée de te quitter si brusquement. Excuse-moi.

En espérant que le noir cafard ne te tourmente pas de trop, je termine mon Loul bien aimé en t’envoyant tous les plus doux baisers de ta sale gosse de

Mino

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