Paris, le 15 Janvier 1915

Mon petit chéri,

Je viens de recevoir ton adorable lettre du 11 janv contenant la réponse ardemment désirée. Tu as deviné ! Et même plus que je n’aurais osé te dire. Tu es adorable !

Ta lettre, quoique étant prévue, m’a fort impressionnée, j’ai pleuré de joie en lisant tes belles lignes qui s’accordent si bien avec mon coeur.

Tu me demandes de réfléchir mon chéri, inutile t’aimant comme je t’aime, mon coeur a parlé depuis longtemps. Je m’étais dis ceci : Je serai la femme à Lucien, mais jamais celle d’un autre. Tes idées auraient été contraires à ma foi, tant pis, je serai restée vieille fille toute ma vie ; ton cher souvenir m’aurait aidé à vivre et j’y serais resté fidèle. Chose qui arriverait si jamais le malheur voulait que tu disparaisses. Mais aujourd’hui, je laisse de coté ces vilaines idées, je suis trop à la joie que m’a procuré ta gentille lettre.

Je ne peux t’exprimer tout ce que mon coeur, débordant de tendresses et d’amour ressent en ce moment pour toi. Je voudrais te dire combien je t’aime et combien je te suis reconnaissante de cette lettre mais je me sens étouffer par la joie, le bonheur et le contentement. Quand je pense que je serai à toi toute ma vie, que je pourrai te dorloter, t’aimer toujours et aussi te faire oublier cette maudite guerre qui t’aura fait tant souffrir. Je suis folle de bonheur.

Quel bel avenir tu viens de me montrer ! Quelle belle vie nous passerons ensemble !! Et quel gentil mari j’aurai !!!

Ah ! mon Loulou chéri comme tu viens de me rendre heureuse. Puisse ma lettre t’apporter autant de bonheur, je te le souhaite et je l’espère. Cette journée compte comme une des plus belles de mon existence et j’espère en passer de plus belles avec toi. Ah ! si tu étais là en ce moment, je crois que je te dévorais de baisers !

J’ai vu Madeleine hier qui me pris de te souhaiter le bonjour. Ce que son fiancé avait dit était simplement le mot “fiancée”.

Comme tu dis si gentiment qu’il tient qu’à moi d’être ta fiancée, je prends la permission de te dire en terminant : Ta petite fiancée t’envoie tout son coeur dans un baiser.

Celle que tu viens de rendre bien heureuse,

Germaine