Thé des Galeries

Paris, Le 13 Janvier 1915

Mon Loulou chéri,

Je ne veux pas que tu t’ennuies, puisque 3 jours sans nouvelles te semblent long, je t’écrirai maintenant tous les jours, excepté le Dimanche. J’espère que cette nouvelle te fera plaisir. Je ne t’en mettrai peut-être pas quatre pages tous les jours, mais tu auras une pensée de moi toutes les vingt-quatre heures.

Je vais te faire rire, écoute. Jeudi dernier, mon amie Marie-Louise et moi, nous avons été au thé des Galeries. Je commande une Argonnaise. Le garçon me fait répéter, je répète et me regarde d’un air ahuri ne comprenant pas ma question (quelle envie de rire j’avais) sur sa réponse négative j’ajoute : “Dans cette maison, on n’est pas en avance”. Ce pauvre garçon ! il a dû croire que je me moquais de lui. Mais moi, il m’a beaucoup amusé.

J’espère que tu as reçu ma photo que je t’ai envoyé hier. J’ai eu une bonne idée de me faire faire en petit, car je crois que l’autre est ratée et cela va encore reculer la date où je dois les avoir. Au moment du déclenchement, j’ai éclaté de rire, je vois d’ici la tête que je vais avoir.

Dans les journaux, il y a souvent des photos représentant l’Argonne. Es-tu pris sur ces photos ? car c’est si mal imprimé que même avec une loupe on distingue que très vaguement.

Le Petit Parisien 04/01/1915, Gallica

Enfin j’espère que tu auras l’heureuse chance de rencontrer un photographe. En attendant le plaisir de te lire, je t’envoie mon petit chéri mes baisers les plus tendres de celle qui t’aime,

Germaine

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