J’ai relu tes 47 lettres

Paris, le 16 Janvier 1915

Mon fiancé chéri,

Depuis que j’ai reçu ta belle lettre, je suis tellement heureuse que si je pouvais, je t’écrirai du matin au soir. Mais je t’ai promis dans une de mes lettres de t’écrire tous les jours. Promesse que je tiens.

Maintenant que ne ferai-je pas pour te rendre heureux. Tu as été si gentil avec moi. Aujourd’hui mes idées sont plus claires qu’hier et je puis mieux réfléchir au grand bonheur qu’il vient de m’arriver. Il me semble que je ne suis plus la même que ce n’est plus moi qui vit. Une tendresse plus grande gonfle mon coeur pour toi. Je ne puis te dire tout ce que je ressens, il me semble que je suis plus sérieuse, plus douce et plus aimable avec les personnes qui m’entourent. Ton amour si sincère m’a transformé. Je ne vis maintenant que pour toi. Pourtant avant cette lettre, je t’aimai bien, je ne m’étais jamais mépris sur tes intentions envers moi, je te savais très sérieux, tout ce que tu m’as dis dans ta lettre, je m’en doutais un peu. Mais cette transformation et cette joie que j’ai ressenti, cela je ne m’y attendais pas.

Maintenant c’est plus que de l’amour que j’ai pour toi : c’est de la religion. Je t’adore !!!

Aujourd’hui j’ai passé mon après midi entier à relire toutes tes chères lettres, elles commencent à atteindre un nombre respectable, 47. Et bien, de toutes celles que j’ai lu, c’est encore celle d’hier que j’aime le mieux ; pourtant les autres contiennent de bien gentilles choses !

J’espère que ta santé est toujours bonne, prend soin de toi maintenant que je sais que tu m’es promis.

En attendant de tes chères nouvelles qui me font tant plaisir, je t’envois mon Loulou adoré, un nombre colossal de baisers de ta petite fiancée qui t’adore

Germaine

 

Creative Commons License