De plus en plus froid

Le 17 Novembre 1918

Mon tout petiot chéri,

Hier soir en rentrant de la maison, j’ai trouvé ta mignonne lettre du 13, me disant que tu étais de retour à Martigny. A présent, tu as dû certainement quitter cet endroit, pour avancer vers l’Est. C’est aujourd’hui que nous faisons notre entrée à Metz et à Strasbourg. Tu as dû te diriger par là. A cette occasion, nous allons manifester à Paris.

Excelsior_17-11-1918

Tantôt, il y aura un défilé qui partira de l’Arc de Triomphe, pour aboutir à  la Concorde. Il y aura un régiment de poilus et un bataillon de chasseurs. Je voudrais bien les voir ! J’irai chercher Marie-Louise après le déjeuner et nous tâcherons d’apercevoir quelque chose. Ça sera certainement chose peu commode. Enfin, nous ferons notre possible pour voir.

Il fait je crois de plus en plus froid. J’ai peur, petit chéri, que tu ne sois pas assez couvert pour la région où tu es. Dis-le moi ? Si tu avais froid, je t’enverrais ta capote bleue. Heureusement que tu as pris ton chandail blanc et que tu as ta grosse vareuse. Sans quoi, tu ne pourrais pas y tenir.

Moi, je suis bien contente d’avoir mon bon manteau, sans lui je serais littéralement gelée, surtout que je deviens très frileuse. Je ne sais pas si c’est le manque d’habitude de chaleur, cette année, aussitôt que je sors de chez toi, je suis complètement gelée. Il est vrai aussi que je vieillis !!

Je te quitte petit chéri, voici midi, nous déjeunons de bonne heure afin d’aller voir le défilé.

En espérant que tu n’as pas trop à souffrir du froid, je te quitte mon chéri Aimé en t’embrassant bien bien tendrement.

Ta toute petite gosse qui t’attend avec grande impatience et qui t’adore,

Mino

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