Rien que d’y penser, on se tordait

Le 13 Octobre 1917

Petit Loul Aimé,

J’ai reçu hier au soir ta mignonne lettre du 10 qui m’a fait grand plaisir. Elle a été certainement lue par la concierge. Elle n’était pas fermée, aussi en me la donnant, elle a eu l’intelligence de me dire : “Il était sans doute bien pressé, il a oublié de la cacheter.” Ce qui faisait voir qu’elle l’avait lue. Je crois que tu l’as très peu mouillé et que l’humidité l’a décollée. Enfin, cela n’empêche pas qu’elle m’a fait grand plaisir.

Je n’ai pas reçu celle du 9, je pense qu’elle a dû passer par Le Mesle, je l’aurai sans doute demain à moins qu’elle ait été envoyée Cité Nys. De cette façon, je l’aurai que Lundi.

Je vous mon pauvre petit Loul que tu t’ennuies beaucoup et que comme moi, tu ne te plais nulle part. Dire qu’il y a huit jours, nous étions encore ensemble. Je ne peux pas croire qu’il ne s’est passé que si peu de temps. Il me semble qu’il y a un siècle que je t’ai quitté.

Tu m’excuseras, on vient de venir me chercher de chez la couturière pour descendre auprès de Loulou et de Madame Schwab, aussi j’ai laissé ma lettre quelques temps en panne. Enfin, je m’y remets.

Loulou avait besoin de mes conseils aussi j’en suis très flattée. Hier, j’ai été chez elle et nous avons raconté nos prouesses à ta grand’mère et à Mme Schwab. On les a bien fait rire. Tes parents sont bien rentrés avec le frein cassé. Rien que d’y penser, on se tordait hier. Ça n’avait pourtant rien de drôle.

A part ça, rien de neuf.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Loul Aimé les plus doux baisers de celle qui t’aime à la folie,

Mino

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