On noie son chagrin comme on peut

Le 5 Septembre 1917

Petit Loul Aimé,

Aujourd’hui, c’est un peu moins triste que je t’écris, mais ce n’est pas ça et je m’en veux toujours.

J’ai reçu une lettre de mon père ce matin. Il n’a pas l’air très content. Il me dit qu’il espérait que tu serais venu le voir Dimanche et non pas quelques minutes comme tu l’as fait. Il me met que tu aurais pu tout de même trouver une heure pour venir le voir, et qu’il s’en souviendra. A part ça, il ne trouve rien d’autre à dire, aussi il ne faut pas se faire de mauvais sang.

J’ai reçu aussi hier au soir une lettre de Loulou qui me console de son mieux le plus gentiment possible.

peche-à-la-ligne

Comme distraction, je me suis lancée dans la pêche à la ligne. On noie son chagrin comme on peut. Ça me plait beaucoup. Ce matin, j’ai attrapé 3 carpes, aussi j’étais très fière de moi. La première fois que ça mordait, j’étais tellement contente que je me suis mise à plat ventre par terre pour attraper mon poisson au bout de ma ligne. Maintenant, je m’y prends mieux. Nous étions 4. Monsieur Fleuriel, ses cousines et moi. Nous avons attrapé 3 livres 100gr. C’est pas mal en 2 heures de temps. Aussi nous y retournons tout de suite après le courrier.

J’espère avoir de tes nouvelles ce soir et que tu as enfin des miennes.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Loul chéri les meilleures cerises de ta sale gosse de

Mino

PS : Excuse ce brouillon, on m’attend pour la pêche.

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