St Julien, Le 6-9-17

Mon petit Loul chéri,

Pas de nouvelles hier de toute la journée. Ce matin de même. J’espère que ce soir je serai plus heureuse. J’écris toujours à ton escadrille sans savoir si mes lettres te parviennent. J’espère que oui.

Je me distrais toujours un peu en allant à la pêche. Je suis devenue une fervente pêcheuse. Hier soir, c’est moi qui en ai pris le plus, 7, mais ils étaient tout petit, tandis que Mademoiselle Suzanne a pris une belle pièce de 300 grammes. Ce matin, nous y sommes retourné. Mais ça ne mordait plus du tout. J’ai eu un pauvre petit, gros comme mon pouce.

Il m’est arrivé tout plein de malheurs. Je suis tombée dans l’herbe contre un bout de bois que je n’avais pas vu et je me suis mise la main dans un pied d’ortie. Aussi, elle est dans un triste état. Toute rouge et pleine de cloques. Avant-hier, c’est un moustique qui m’a piqué la joue gauche. Cette fois-ci, j’ai une grosse boule jaune. Hier, c’en est un autre qui m’a piqué la joue droite. Ça fait que j’ai l’air d’un épouvantail à moineaux. Je n’ai pas de veine pour changer. Hier, en lançant ma ligne, je l’ai jetée 2 fois à l’eau. C’est ce pauvre M. Fleuriel qui a été obligé de me la repêcher.

Nous allons le faire devenir fou à nous trois. On lui casse souvent son matériel ou on lui perd ses hameçons ! Il m’appelle le bon petit diable ! Ce matin, nous avons été trempés comme des soupes. Il pleuvait à torrent, aussi c’est pour ça que les poissons se sauvaient. Nous avons été obligés de nous en aller.

Tantôt, je vais aller à la ferme par ce beau temps-là. Je n’ai pas vu Yvonne de toute la journée d’hier. Aussi il faut que j’aille un peu la voir aujourd’hui.

J’espère que ce soir j’aurai une lettre de toi, sans quoi je vais encore bien m’ennuyer.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Loul chéri les plus tendres baisers de ta sale gosse qui pense bien tristement à toi,

Mino