Le 4 Septembre 1917

Petit Loul Aimé,

J’ai reçu ce matin tes deux gentilles lettres du 2 et du 3 et plus je vais, plus je me désole ! Plus de 2 journées à Paris et nous ne nous sommes pas vus et par ma faute. Je suis navrée et incapable de te dépeindre mon chagrin. Depuis Dimanche, je n’arrête pas de pleurer. Ici, on craint que je tombe malade. Je n’ai presque pas dormi cette nuit, tellement j’étais désolée de te savoir là-bas et moi ici. Si seulement tu m’avais dit que tu restais jusqu’à Mardi, j’avais le temps d’aller à Paris, mais tu n’en savais rien toi-même. Pauvre chéri ! Comme tu as du t’ennuyer ! Ce que je m’en veux !!! Je m’en voudrais tout le temps.

Avec ça, mes sales lettres qui ne te parviennent pas ! Tout s’emmêle !

Tu mme dis que pour ta permission, tu auras le temps de me prévenir. Ça sera pareil ! On est aujourd’hui le 4 et bien si tu étais obligé de partir le 6, comment le saurais-je ? Dieu que je m’ennuie !!!!!

Que faire, rentrer à Paris ? Pourquoi, si tu ne reviens qu’à la fin du mois.

Si je savais ton adresse à Montdidier, je t’écrirais là, au lieu de t’écrire dans ton escadrille où les lettres ne te trouvent pas.

Je ferais mieux de ne pas écrire pour ce que mes lettres ont d’intéressant ! Je n’ai pas du tout la tête à écrire en ce moment. Aussi excuse ta pauvre gosse qui a le coeur bien gros et reçois d’elle de biens tristes baisers,

Mino