Lettre de Suzanne

Lundi 27 Août 1917,

Ma chère Germaine,

Votre longue lettre avec ses nombreux détails m’a fait très plaisir. Je m’imagine très bien le cadre où vous vivez et qui me semble séduisant. Lucien nous a dit combien Madame Fleuriel était charmante. Je suis heureuse de vous voir bien entourée.

Eh bien ! Heureux fiancée, vous l’avez eu votre Lucien ! Je vous vois tous les deux déambulant dans le pays, vous avez du avoir du succès ! Faites-vous quelques promenades ? Surtout, ne vous fatiguez pas ! Il faut faire tout une grosse provision de santé pour l’hiver.

Nous ne savons pas encore quand nous partons, je crois que l’été s’achèvera sans que rien soit fixé. C’est bien ennuyeux pour Papa. Il a meilleure mine, c’est vrai, mais un peu de repos et de bon air le remettraient tout à fait.

Loulou va un peu mieux, mais ce n’est pas merveilleux. Jugez-en : Jeudi, nous devions aller à bicyclette et faire un peu de photo (quatre plaques à liquider). Elle a préféré aller au jardin des Plantes où nous avons paressé au soleil tout l’après-midi.

Pour qu’elle renonce à la bicyclette, c’est que ça ne va pas. Depuis quelques temps d’ailleurs, quand nous partons avec nos bécanes, c’est pour aller nous asseoir sur l’herbe dans un coin tranquille du bois. Je dis que nous “faisons les vieux” ! Je voudrais bien la voir partir à la campagne chez la soeur de son Parrain. Mais elle ne veut pas en entendre parler et vous savez que quand elle s’entête, il n’y a rien à faire !

Ce régime de flâneries et de longs repos me réussit tout à fait, j’ai grossi de 1kg500 depuis le commencement de Juin. Si je continue, vous ne me reconnaitrez plus quand vous reviendrez…

Amusez-vous bien petite Germaine. Conservez ce bon rire et ce bel appétit que vous aviez à la maison. Etait-il bon ce canard qui vous était réservé ?

Envoyez-nous de temps en temps de vos nouvelles. Elles nous feront toujours plaisir. Bien souvent, nous pensons à vous, à votre obligeance, votre gentil caractère et nous nous félicitons Loulou et moi que Lucien nous ait choisi une petite “belle-soeur” aussi agréable !

Vous allez ma chère petite amie embrasser bien fort pour moi Yvonne qui parait-il se sent venir la vocation de fermière et vous garderez pour vous les meilleurs baisers de votre vieille amie,

Suzanne

27-08-17-lettre suzanne

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