Un grand bol de crème

Le 24 Août 1917

Mon petit chéri,

Je commence à m’ennuyer ! Hier, pas de lettre de toi de la journée. Ce matin encore rien. Pas de nouvelles et pas de petit chéri, aussi je me désole, je me demande si ta permission n’a pas été acceptée et si c’est pour cela que tu ne m’écris pas.

Ce matin, j’ai traité la factrice de vilaine parce qu’elle ne m’apportait rien. J’espère toujours te voir, aussi je serais bien désolée si tu ne venais  pas.

Hier, j’ai vu Yvonne. J’ai été visiter sa ferme. J’ai fait connaissance de son oncle et de sa tante Bois et de toute la famille. J’ai vu aussi Riquet. C’est assez loin d’ici. C’est tout à fait à St Julien, tandis que moi, c’est plutôt le Mêle. Elle est très bien là-bas, c’est immense comme ferme et très important. J’ai été avec elle porter à manger aux travailleurs. Le soir, elle va traire les vaches. Ça m’étonne que cela lui plaise, elle a si peu l’air d’une petite fermière !!!

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Yvonne Clochez en novembre 1917

Moi je sais que ce genre de vie ne me plairait pas de tout. D’un autre côté, à choisir, je préfère être ici qu’à la ferme. C’est trop grand et il me semble que j’y aurais été gênée. Aussi je suis très contente d’être ici, je suis à 2 pas de la ville et je ne suis pas dépaysée comme en plein champs. Tantôt, je retourne à la ferme.

Ce matin est arrivé une petite cousine de Madame Fleuriel et sa mère. Elles viennent passer un moment ici. La jeune fille a 16 ans, aussi cela va me faire une distraction. Malgré tout je trouvais bien le moyen de me distraire seule. Avec un aussi grand jardin ! Il y a de quoi faire.

Suzanne Valle

Ce matin, nous avons été chercher un grand bol de crème dans une ferme, aussi à midi je vais bien me régaler.

En espérant être plus heureuse ce soir pour le courrier et en espérant bien te voir, je te quitte mon petit Coco chéri en t’envoyant une foule de caresses de ta

Mino

 

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