Saint Julien, Le 23 Août

Mon petit chéri,

Hier, j’ai été à la gare mais je n’ai pas eu le plaisir de te trouver. Ce matin, il n’y avait rien de toi dans la boîte aux lettres, aussi j’espère te voir bientôt.

Pour aller chercher les lettres, c’est très amusant. La boîte se trouve dans le fond d’un pré, aussi il faut traverser tout un champ. Ce matin, j’ai été moi-même, je sais le chemin maintenant. J’avais comme costume ma chemise de nuit et un grand tablier. Tu vois d’ici le tableau.

Je suis rentrée toute sale. Il avait plu et ma chemise étant un peu longue, elle avait essuyé toute l’eau dans l’herbe. J’avais les pieds tout trempés, bas et chaussons à changer, aussi Madame Fleuriel m’a prêté des jolis sabots. Je voudrais que tu vois un matin ta Mino dans ce costume (chemise de nuit, grande blouse et sabots), tu en serais malade de rire. Je suis bien maladroite, je trouve ça d’un lourd !

Enfin, ça n’a pas empêché que je me suis promenée toute la matinée comme ça, j’ai fait mon tour de jardin. Je le connais en entier maintenant. Il est très joli ! Ce qui me plait, c’est qu’ici, pas de voisins, partout des arbres, aussi de la route on ne voit rien du tout, aussi on peut se mettre à son aise. J’ai été aussi avec la bonne pour la voir déterrer les pommes de terre et les carottes du déjeuner. Il y a un très grand jardin potager.

J’oubliais de te dire ! Quelle sotte je suis. Hier soir, j’ai reçu ta gentille lettre de Montdidier du 21. J’espère que tu réussiras pour ce que tu demandes et que je te verrai bientôt. Non, je ne connaissais pas Yvonne, mais nous avons vite fait connaissance. Hier, elle est venue me chercher pour aller à sa ferme que je ne connais encore pas, mais je n’ai pas pu y aller, c’était l’heure du courrier. Aussi ça a été remis à aujourd’hui. Je vais y aller tout de suite.

En espérant une bonne petite surprise, je te quitte Loul Aimé en t’envoyant de la campagne de bonnes cerises.

Celle qui t’adore,

Mino