Nouveau stylo

Le 17 Juillet 1917

Petit Loul aimé,

Ce matin, pas de lettre. Ça ne m’étonne pas, puisqu’hier tantôt, j’ai reçu ta gentille lettre du 14 en avance. J’en aurai certainement une ce soir. Je viens de recevoir à l’instant un mot de Suzanne pour faire de la bicyclette tantôt. Ça tombe joliment mal, puisque mon père est là. Je ne sais pas ce que je dois faire ? Il m’a demandé de qui était la lettre que la concierge venait d’apporter. J’ai dit que c’était Suzanne pour aller faire une petite promenade tantôt. Alors il m’a dit : “Il faut y aller”, mais je n’ai pas dit que c’était avec ma bicyclette. Quelle comédie ! Après tout, j’ai envie d’y aller. Ça me changera les idées, je m’embête de trop ici !!!

stylo

Figure toi que ce matin, je viens de me payer un stylo et je ne sais pas écrire avec. Je m’apprends tout en écrivant ta lettre, aussi elle est très jolie ! J’ai acheté ça pour le soir lorsque je t’écris dans ma chambre. Un crayon, c’est trop mal commode. Je me suis mise dans les frais !!! 2f45. Si Marie-Louise était là, elle me dirait encore : “Où as-tu trouvé ça ? Il n’y a que toi pour avoir quelque chose bon marché.”

Ça me fait penser que cette paresseuse ne m’a pas encore écrit. Elle qui m’avait promis de le faire le lendemain de son arrivée ! Il est vrai que les lettres pour venir de là bas mettent peut-être plusieurs jours.

J’ai oublié de te dire que depuis ton départ, j’ai vu deux chevaux pie. c’est pourtant très important. Autre chose, je viens de lever les yeux, il y en a un d’arrêté en face. Quelle coïncidence ! C’est le moment de dire : “Lorsqu’on parle du soleil, on en voit les rayons” !!! Ça fait trois !!! Est-ce que mon Loul va me faire une grosse surprise !!! Ça serait tout à fait le moment.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je te quitte mon mignon Lou en t’envoyant une foule de doux baisers de celle qui pense sans cesse à toi,

Mino

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