Le 18 Juillet 1917

Mon petit Loul chéri,

J’ai reçu hier soir ta gentille lettre du 15. Pauvre Coco ! Qui n’a pas eu de mes nouvelles. Il ne faut pas t’en vouloir. Si tu es resté un jour sans m’écrire, c’est que tu as été empêché. Tu m’aurais écrit, tu serais quand même resté sans lettre. C’est la faute de la poste, voilà tout, mais je ne veux pas que tu dises que c’est bien fait pour toi. Tu ne mérites pas de punition du tout.

Hier soir, j’ai reçu une grande tartine de Marie-Louise. Ça ne m’étonne pas que je n’ai rien reçu plus tôt. Lorsqu’elle est arrivée à Quimper, elle n’a pas trouvé de place dans l’auto qui fait le trajet jusqu’à Bénodet. Elle a donc été obligée de chercher un autre endroit.

Elle a choisi Beg-Meil-Plage qui touche Concarneau, mais voilà qu’arrivée là, elle se renseigne le prix d’un hôtel. On lui annonce le modeste pris de 20f par jour. Aussi, elle était désolée. Elle cherche une villa : 500f les moins chères et rien d’épatant. Elle commençait à désespérer lorsqu’elle a trouvé une petite maison en bordure de la mer à un prix raisonnable. Aussi de là, elle est partie rechercher sa mère à Quimper. Tout cela lui a pris beaucoup de temps, aussi elle s’excuse de ne pas m’avoir écrit plus tôt. D’après les cartes qu’elle m’a envoyé et la description qu’elle me fait, ça a l’air épatant. Ce qui lui plait surtout, c’est que le pays est rempli d’arbres fruitiers. Il y en a plein sur les bords des routes. Marie-Louise me dit qu’elle ne fait qu’en manger lorsqu’elle sort.

Tu sais, j’ai demandé à mon père si lorsqu’il ira mieux et qu’il recommencera son travail, il me permettrait d’aller huit jours auprès de Marie-Louise. Il m’a dit ni oui ni non. Il voudrait bien y aller aussi. Voilà tout ce que j’ai pu savoir, mais je ne désespère pas. Ce matin, le docteur est revenu. Il trouve beaucoup de mieux. Lui-même se sent moins fatigué. Il ne doit plus revenir. Il faut qu’il suive son régime et c’est tout. Si seulement ça pouvait aller mieux à présent, il serait peut-être un peu moins drôle !

Je fais des tâches sur ma lettre, je viens de m’apercevoir de ça. J’ai de l’huile camphrée au pouce, aussi j’en mets partout. Je me suis brûlée hier soir, mais ce n’est rien du tout.

A part ça, rien de neuf.

En espérant que ta santé est toujours bonne, reçois mon Loul Aimé toutes les plus douces caresses de ta grande gosse de

Mino