Le 16 Juillet 1917

Mon petit Coco chéri,

J’ai reçu tout à l’heure au courrier de 2h½ ta mignonne lettre du 14. tu es tout pardonné mon chéri. Tu as très bien fait de ne pas m’écrire. Cela t’aurait fait coucher très tard et si je l’avais su, je n’aurais pas été contente. Ce matin, j’ai été très étonnée de ne rien recevoir, mais je me suis consolée en me disant que ce soir j’en aurai certainement deux. Comme il y a eu deux jours de fête, je ne me suis pas de trop inquiétée, car il y a souvent du retard. Tout à l’heure, j’étais à la fenêtre et j’ai aperçu le facteur avec ta lettre, aussi je n’ai pas été longue à descendre.

Comme tu dis, j’ai bien besoin de tes lettres en ce moment, mais en somme, tu n’as pas à t’en vouloir, ce n’est pas de ta faute, et ça t’arrive bien peu souvent.

Aujourd’hui, la journée n’a été ni bonne ni mauvaise. Ce matin, le médecin est venu. Il trouve mon père fatigué, mais pas gravement malade comme il le prétend. Il lui a donné encore un régime à suivre et il prétend qu’en le suivant à la lettre, il s’en trouvera très bien. Il a le foie qui fonctionne mal et c’est de là que vient tous les malaises qu’il ressent.

Il m’a promis qu’à présent il était décidé à suivre son régime et à ne manger que ce que je voudrai. Pendant huit jours, peut-être, mais après ça ne lui plaira plus. Enfin !!! Ça fait que depuis ce matin, je cours un peu à droite et à gauche pour les médicaments, aussi je suis un peu fatiguée.

Hier, nous avons vu Pierre qui est venu nous dire bonjour. J’étais jolie lorsqu’il est arrivé ! J’étais en train de pleurer depuis 11h et il était 3 heures. Il a du se demander ce que j’avais. Il allait avec tes parents voir Ponchelle. Le soir, en allant le conduire, tes parents m’ont emmenée faire un tour au bois, cela m’a distrait un peu. Malheureusement, on a éclaté en route, juste à l’entrée du bois, aussi la promenade a été de courte durée. Ton père était en colère, car c’est arrivé à une chambre à air toute neuve de la veille.

Petit cachotier qui a peur sans doute que je divulgue ses secrets comme cela m’est arrivé un jour sans le savoir. Tu ne m’avais pas dit que tu avais eu un avis favorable de ton capitaine pour passer sur Nieuport. C’est ta mère qui m’a raconté ça hier soir !!!….????

A part ça, rien de neuf à te dire.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je termine en t’envoyant mon grand gosse toutes les plus douces caresses de ta

Mino