Quel monument que ce coucou !

Le 19 Juillet 1917

Petit Coco chéri,

Je suis gâtée !!! Hier au courrier de 14h30, j’ai reçu ta gentille lettre du 16, à celui de 18h30, la boite contenant les photos et de tout à l’heure à 10h, ta mignonne lettre du 17. A chaque courrier quelque chose, je ne suis pas à plaindre ! Je trouve les photos très bien. Celle que j’aime le mieux est celle où tu es tout petit à côté du Coucou. Les autres, tu fais trop la grimace. Quel monument que ce coucou ! Et dire que l’on compare ça à un oiseau qu’est si petit !!! La carlingue ressemble à une petite baleine.

serpend à plume

Je ferai ta commission, je remettrai les 27 photos à tes parents. Je vois justement Suzanne et Madame Sevette demain chez Loulou. Mon père les a vues, il ne m’a rien demandé, je ne lui ai rien donné.

Le ménage va toujours comme-ci, comme-ça. On reparle vacances de temps en temps. Il m’a dit hier : “Je veux bien que tu ailles avec Marie-Louise. Mais il va falloir que je mange au restaurant et cela ne me plait pas du tout. Nous verrons ça.” Moi, je voudrais bien être fixée au juste pour te prévenir. S’il se décide, je partirais tout de suite. J’aimerai bien partir le 25 et rentrer dans les premiers jours d’Août. Ça m’ennuierait de partir plus tard, après tu pourrais venir en permission et j’aurais trop peur de ne pas te voir. Je serais bien contente de partir. J’en ai bien besoin. Ça me changerait les idées qui ne sont pas fameuses en ce moment. J’ai écrit hier à Marie-Louise s’il y avait une petite place pour moi chez elle. J’attends sa réponse. Aussitôt que je saurai quelque chose, je te l’écrirai.

Sur ce, je te quitte car je vois mon père qui attend après son déjeuner. J’avais pourtant beaucoup de choses encore à te dire.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Loul chéri les plus tendres baisers de ta sale gosse,

Mino

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