Manucure

Le 9 Juin 1917

Mon Coco chéri,

J’ai reçu hier soir ta gentille lettre du 6. Je comprends que ce ne soit pas drôle de rester sans nouvelle. Pauvre Lou ! Je suis plus favorisée que toi à ce sujet, puisque je reçois tous les soirs ma lettre. Enfin, j’espère pour toi que le service postal va s’améliorer.

Une grande nouvelle à t’annoncer que j’ai oublié de te dire hier : j’ai vu trois chevaux pie avant-hier après-midi. Un, Boulevard Haussmann, un autre faubourg St Antoine et le troisième à mon balcon. C’est de la veine ! aussi, j’attends avec impatience la nouvelle. Je ne sais pas si je dois sortir demain Dimanche, j’ai peur qu’il m’arrive le vilain tour de l’autre jour. C’est que j’ai pas encore digéré les 4 heures que j’ai si bêtement perdu Dimanche dernier auprès de toi.

Hier, j’avais mes nerfs, quelque chose de tapé. Je me suis fait faire les mains chez la manucure de Marie-Louise. Je ne recommencerai plus. Elle ne pouvait pas me toucher les ongles, que je me mettais à hurler. Aussi, elle commençait à avoir assez de moi. C’était pas de ma faute, mais celle de mes nerfs qui n’étaient pas maître d’eux.

Tantôt je revois Marie-Louise. Ça fait trois jours de suite. Nous allons faire des courses aujourd’hui.

En espérant que tu n’as plus de vilains maux de tête, je te quitte mon petit Loul Aimé en t’envoyant les plus tendres baisers de celle qui t’adore,

Mino

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