Gare au cafard

Le 28 Juin 1917

Mon petit chéri,

J’ai reçu ce matin ta mignonne lettre du 25. Je ne sais si c’est une idée que je me fais. Il me semble que tu as un peu le cafard. Est-ce que je me trompe, dis-moi mon chéri ? J’espère que je me trompe.

D’après ce que tu me dis, je suis tout à fait décidée à rester à Paris. J’aurais trop de regrets si tu venais et que je n’étais pas là. Si tu ne viens pas, alors gare au cafard, car je vais être toute seule. Tantôt, je vais justement voir Marie-Louise. C’est peut-être la dernière fois que je la verrai à Paris.

Hier, nous n’avons pu faire de la bicyclette à cause du temps. Il a fait de l’orage juste au moment de partir, aussi Loulou n’était pas contente du tout. Nous sommes restées chez elle à travailler. Voyez-vous ça cette sale gosse. Elle trouve que je te gâte de trop. Je ne vois pas en quoi !!! Suzanne trouve que je t’ai changé. Que depuis que tu me connais, chez toi, on trouve que tu n’es plus le même. Tu es plus doux, plus gentil. Enfin, tout change à ton avantage. Est-ce vrai ? Il parait que j’ai beaucoup d’influence sur toi. Je ne sais ce que Suzanne va chercher. Elle se fait des idées.

A part ça, rien à te dire de bien nouveau.

En espérant que ma lettre te trouvera en bonne santé, je termine mon Lou Aimé en t’embrassant bien tendrement,

Mino

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