Le 2 Mai 1917

Petit chéri,

J’ai reçu ce matin une nouvelle lettre du 29, tu t’es certainement trompé de date, puisqu’hier déjà j’en ai eu une du 29 et pas du 28. Enfin, ça n’a pas d’importance. Désolée de savoir que ce ne sera pas ta venue, le fait extraordinaire annoncé par le cheval pie. Pourtant, j’en ai encore vu un 4e il y a quelques jours et jamais cela ne m’était arrivé d’en voir autant !

Hier, j’avais grand espoir. Dans le train, j’ai voyagé avec deux poilus qui revenaient de Champagne et qui étaient en permission depuis deux jours. Une dame leur a même demandé si les permissions n’étaient plus supprimées et ils lui ont répondu qu’elles étaient reprises depuis deux jours seulement.

Aujourd’hui, je suis, je crois, encore plus énervée qu’hier. C’est à peine si je puis tenir mon porte-plume. Sale bicyclette, elle m’en donne du mal. Hier soir, Loulou est venue m’annoncer que nous ferions de la bécane aujourd’hui. Aussi, il a fallu que je cours ce matin changer mon filet à la Samaritaine et le poser ensuite. Enfin, maintenant ça y est, mais mes nerfs, il sont là aussi.

Pourvu que je me casse pas la figure, c’est tout ce qu’il faut. Pourtant, aujourd’hui il fait très chaud, cela devrait calmer ma nervosité.

Je te quitte chéri pour m’habiller.

En espérant que mon brouillon te trouvera en bonne santé, je t’envoie mon Aimé les plus tendres baisers de ta petite

Mino