Le 1er Mai 1917

Lou chéri,

Je viens de recevoir ta gentille lettre du 29. Aussi, j’adresse tous mes compliments à la poste, deux jours seulement pour 1 lettre, c’est vraiment beau, il y avait bien longtemps que cela était arrivé. Tes lettres me parviennent très drôlement, juge plutôt. Hier matin, lettre du 27. Hier soir, lettre du 26, ce matin, lettre du 29 et ce soir certainement du 28. Ça fait une salade russe, je n’y comprends plus rien.

Dans ta lettre d’hier, tu me disais que tu avais perdu nos photos en l’air, ce matin que tu les as retrouvé. Aussi, je t’envoie quelques photos en cas qu’elles se renvolent. D’ailleurs, tu m’en demandes. Je n’ai pas très bien compris si c’est la photo en quêteuse que tu réclames ou n’importe laquelle ? Enfin, tu auras le choix.

Je suis en colère depuis ce matin et très énervée. J’ai passé toute ma matinée après ma bicyclette. Comme je t’avais dit, j’ai acheté un filet et bien une fois posé, je me suis aperçue qu’il était trop grand. Il m’a fallu tout défaire, ce qui n’est pas rien, car les mousquetons sont très durs.

Après, j’avais acheté aussi une pompe, la mienne ne marchait pas. Avec cette pompe, j’avais les supports à poser. Quel mal, ne m’y connaissant pas. J’ai cherché bien longtemps avant de trouver le système. enfin, j’y suis arrivée. Ensuite, je mets ma plaque dans mon porte-plaque et en revissant, la vis tombe et impossible de la retrouver, j’en aurais pleuré. J’était à quatre pattes dans le capharnaüm de la concierge et je nageais entre divers ustensiles de cuisine et entre autre, deux paires de petites chaussures de régiment du concierge.

Enfin, j’ai retrouvé la satanée vis, mais pour comble de malheur, impossible de regonfler mon pneu avant, je croyais qu’il avait éclaté. Aussi, je me voyais pas blanche, vu que je n’y connais rien du tout en réparation, j’avais déjà essayé d’enlever l’enveloppe, mais je ne pouvais y arriver. Heureusement, car j’aurais pas su la remettre. C’était tout simplement la vis qui se trouve près de la jante, en haut de la valve qui était descendue et l’air passait par là.

Tu crois qu’il n’y a pas de quoi être énervée, surtout pour une personne maîtresse de ses nerfs comme moi !!! Cela m’a donné un mal de tête pépère, aussi je ne sais guère ce que j’écris, pour me remettre, je vais à Pantin sur la tombe de Maman. Il fait une chaleur étouffante.

En espérant que ta santé est toujours bonne, je termine en t’envoyant mon petit Lou chéri une foule de doux baisers de

ta Mino