Visite de l’Opéra

Le 20 Avril 1917

Mon petit chéri,

A ma grande joie hier soir, en rentrant à la maison, j’ai trouvé ta mignonne lettre du 14. Je suis contente de te savoir toujours en bonne santé. Je suis si inquiète à ce sujet en ce moment. Le courrier ne doit pas très bien marcher. Sur les journaux, on annonce à partir d’aujourd’hui la suppression des colis pour le front. J’espère qu’on en fera pas autant pour les lettres.

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Hier, j’ai vu Marie-Louise qui est aussi inquiète que moi. Il se trouve au dessus de Soissons. Pas bien loin d’où tu es.

Elle m’a fait visiter l’Opéra. Je connais maintenant la scène, mais c’était pas très impressionnant vu que ce n’était pas éclairé et qu’il manquait de décors. J’ai vu aussi le foyer des danseuses et celui des artistes, mais toujours sans lumière. Après j’ai assisté à l’essayage d’un de ses nouveaux costumes (en lumière). C’est à ne pas croire tant c’est grand. On s’y perd facilement. Ce n’est que couloirs et escaliers. Je croyais monter dans un gratte-ciel tant c’est haut. C’est plus haut qu’une maison de sept étages. A part ça, je ne connais toujours pas la salle, ça viendra peut-être un jour et peut-être avec toi ?

escalier opéra

→ Les coulisses de l’Opéra

Tu sais, notre petite fâcherie avec Marie-Louise s’est très bien terminée. Elle croyait que je lui en voulais pour la petite comédie. Comme je ne lui en ai pas voulu du tout, on n’était donc pas fâchées. Pour si peu de choses, ça serait bête.

Ce matin, j’ai reçu un mot de Suzanne pour aller chez Loulou tantôt. Comme vous ne recevez plus, c’est chez Loulou que nous nous rencontrerons à présent.

Aussi je te quitte pour m’habiller. En espérant que ta santé est toujours excellente, je t’envoie mon Aimé les plus doux baisers de celle qui t’adore,

Mino

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