Deuil anticipé

Le 11 Avril 1917

Petit chéri,

J’ai reçu ce matin ta gentille lettre du 7 m’apprenant que tu es toujours à Châlons. A ce que je vois, tu n’as pas l’air de t’amuser follement. Je comprends ça.

Moi, je voudrais bien te savoir arrivé à ton point de destination, car j’espère qu’après tu viendras en permission. Hier, j’ai vu Suzanne. Elle m’a dit que je n’étais qu’une veinarde comme je disais que j’espérais te voir bientôt. Elle m’a dit qu’il ne fallait pas y compter, qu’est-ce qu’elle en sait ? Voyez-vous ça ! Mhmm ! Pour elle ! De quoi se mêle-t-elle ?

Robes-de-deuil-fev-1917---Les-elegances-parisie-copie-3
Robes de deuil, Les Elégances parisiennes fev-1917

Elle venait hier chez la couturière pour s’occuper de son deuil. Il parait que ton oncle est très bas et qu’il ne passera pas la semaine. Comme de bien entendu, tu ne pourras obtenir une permission pour l’enterrement ? Pauvre homme, je n’aurai pas eu le plaisir de le connaître !

Tantôt, je vais chez ta tante Liotard aussi je vais te quitter car je ne suis pas encore habillée et ce n’est pas là.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Aimé tous les meilleures tendresses de ta petite,

Mino

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