Le 18 Décembre 1916 – 20 heures –

Mon petit chéri,

Aujourd’hui, j’ai reçu trois gentilles lettres de toi, une ce matin et deux ce soir, je crois que je n’ai pas à me plaindre. Il est vrai que c’est un genre comme ça de recevoir tes lettres. Deux jours sans, et le troisième, trois lettres d’un coup. Je ne m’en étonne plus. Malgré tout, de n’importe quelle façon elles m’arrivent, elles me font toujours grand plaisir.

Ta lettre de ce matin pourtant ne m’avait pas mise en gaité, je peux même le dire à présent que c’est passé, elle m’avait donné un joli cafard. Tu me disais que ton certificat d’Avord n’était pas encore arrivé, enfin en deux mots, je voyais ta permission dans l’eau. Ajoute à ça mon père qui est rentré malade à midi, moi qui vais couci-couça et tu peux te rendre compte à quel degré mon cafard était monté.

Je ne t’ai pas écrit tantôt et j’ai vraiment bien fait, car je t’aurais dit certainement quelques bêtises inspirées par Monsieur Cafard. Enfin, ce soir, c’est complètement passé et j’espère à nouveau te voir pour le 5 Janvier. Ce n’est pas très sûr, comme tu le laisses entrevoir, mais enfin, on peut toujours espérer, ce qui est beaucoup.

Comme je te le dis plus haut, mon père est rentré malade à midi. Il a du attraper froid. Ce soir, il s’est couché à 7 heures et il espère que demain ça ira mieux. Je le souhaite, car je ne me sens pas la force de devenir garde-malade. Aujourd’hui, ça va pourtant mieux, mais je ne suis pas sortie, voici trois jours que je suis enfermée. Aussitôt que je sors, je reperds mes forces, aussi je n’ose m’aventurer dehors. Je vais bien me soigner, afin que le 5 Janvier j’aille tout à fait bien, et que tu n’aies pas encore le triste spectacle de me voir au lit.

Ce matin, j’ai reçu une carte de Cécelle, comment a-t-il fait pour penser à moi ? C’est si rare maintenant lorsque je reçois de ses nouvelles. Il est vrai que Monsieur se paye des saisons, et a autre chose à penser qu’à moi. Enfin, je l’en remercierai tout de même puisqu’il me fait le grand honneur de me donner son adresse.

A part ça, rien à te dire, si ce n’est que je souhaite qu’il fasse un temps de chien pendant 15 jours.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon petit Lou aimé, une corbeille de cerises de celle qui t’adore follement,

Germaine