Plutôt amère

Le 15 Août 1916

Mon petit chéri,

J’ai reçu hier soir ta gentille lettre du 13 et le matin celle du 12. Je ne sais pas si tu es comme moi, je trouve ces trois jours de fête interminables. Jamais je me suis tant ennuyée.

Dimanche, je suis restée là toute la journée, et hier j’ai été au bois avec mon amie qui devait aller au Crotoy. On la trouve plutôt amère toutes les deux. Moi encore plus qu’elle. J’en suis sure. Aussi hier, ce n’était pas au bors du lac que nous étions, mais au bord de la mer en imagination et je t’assure que la folle du logis trottait. Moi hélas, je m’apercevais bien que je n’étais pas au Crotoy : où était mon Loulou ? Ce n’était toujours pas près de moi. Enfin, nous nous approchons maintenant de ta permission, aussi je reprends courage.

Avant d’aller me promener, je t’envoie mon chéri, mille tendresses de ta fiancée qui t’aime à la folie,

Germaine

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