C’est bien triste

Paris, Le 26 Mai 1916

Mon petit chéri,

J’ai reçu ce soir ta gentille lettre du 25. Tu oses dire que tu te fais attraper par moi. Ça c’est pas mal. Je n’ai plus qu’à dire merci. Lorsque tu viendras, je voudrais bien avoir une petite explication à ce sujet, mais pas sur papier. Tantôt, je suis méchante, tantôt je t’attrape. Je crois que tu ne feras pas grand choses de moi, même en continuant, j’ai peur de ne plus te plaire.

J’ai appris avec peine la triste fin de ton camarade. Pauvre garçon ! C’est bien triste.

Tu me dis que vous avez vilain temps. Ici c’est pareil. Hier, nous avons été à bicyclette et nous sommes revenus depuis Créteil sous une pluie battante. Nous sommes enragées de sortir par des temps pareils. Mes effets étaient à tordre.

meteo25-05-16

Je suis obéissante. Je ne connais que la consigne. Tu m’as recommandé de regarder devant moi en bécane. Et bien hier, il y avait un brave territorial au milieu d’une rue, comme il ne bougeait pas à l’avertissement de mon timbre, et comme j’étais juste en face de lui, je n’ai pas bougé, et j’ai été en droite ligne monter dessus, ce qui l’a un peu réveillé. Heureusement pour lui qu’il n’a rien eu, il a été très aimable et pour me remercier, il m’a fait toutes ses excuses. Au moins, tu ne peux pas dire que je n’écoute pas tes conseils.

J’espère que tu es toujours en bonne santé. Dans cet espoir, je t’envoie mon Loulou chéri tous mes plus tendres baisers. Celle qui ne fait que t’adorer,

Germaine

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