Au bout du monde

Paris, Le 18 Avril 1916

Mon petit Chéri,

Je viens de recevoir ta gentille lettre du 18 qui devait être celle du 17. Tu as du te tromper de date. Déjà ta dernière lettre, celle de Dimanche était datée d’un jour en avance. Est-ce que les jours avanceraient de 24 heures au Crotoy ? Ou est-ce toi qui, impatient de voir arriver le jour de Pâques, avance les heures ? Je crois que c’est ma dernière raison qui est la bonne.

Tu me dis que le temps est bien malade là-bas. Ici, c’est pareil. Aujourd’hui, nous devions faire de la bicyclette, mais il a encore plu. Nous ne sommes pas contentes, chaque fois que nous préméditons une partie, il pleut à verse. Heureusement que nous ne faisons que commencer la saison.

C’est vrai, tu as raison mon chéri, quoiqu’il arrive à tes côtés, je n’aurai jamais peur. J’ai tellement confiance en toi que tu me demanderais d’aller au bout du monde, je te suivrais toujours, même s’il y avait du danger à courir. Pourvu que je sois près de toi, c’est tout ce que je demande.

Dans ma lettre de demain, je te dirai ce que je pense faire pour Samedi.

En espérant que ta santé est toujours bonne, reçois mon petit Loulou chéri mille doux baisers de ta petite

Germaine

 

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