Paris, Le 5 Janvier 1916

Mon tendre chéri,

C’est avec un peu plus de courage qu’hier que je prends la plume pour t’écrire. Ce n’est pas que je sois très brillante aujourd’hui, au contraire, mais je suis résignée. Je ne peux plus pleurer, mes larmes sont tarries. Ce départ m’a été beaucoup plus pénible que le premier. J’ai passé de si bons jours ! J’avais déjà passé de bons moments avec toi, mais ils ne sont pas comparables à côté des derniers. Jamais je n’ai vécu d’heures aussi exquises ! Jamais je n’ai senti combien je t’aimais comme en ce moment. tu es maintenant et pour toujours tout dans ma vie. Si tu savais à quel point je t’aime !!! Je ne trouve pas un mot assez grand pour te le traduire.

C’est après t’avoir quitté que je me rends compte de tout le bonheur que ta présence m’apportait. Maintenant nous voici séparés pour encore longtemps. Je me résigne et je reprends courage en pensant que huit jours sont bien doux près de toi, mais qu’est-ce que sera une vie entière ?..

A l’heure qu’il est, tu dois être arrivé à destination. Pauvre petit chéri, comme cela doit te sembler dur aussi !!! J’espère que tu auras fait un bon voyage ?

J’ai été chercher les épreuves de nos photos. Nous sommes mieux que je l’aurais espéré. Il y en a une qui est très bien. C’est celle où je suis assise et toi debout. Tu as légèrement souri et cela fait très bien. En la regardant, je m’imagine te voir encore.

Tant qu’à l’autre pose, malgré que je n’ai pas envie de rire, je suis obligée de le faire. Nous avons retenus notre envie de rire d’une manière pluto comique. Nous nous pinçons les lèvres, mais cela n’a pas empêché que j’ai éclaté de rire.

Tant qu’à celles où tu es tout seul, tu n’es pas mal. Je ne les ai pas, je les ai laissé à ton père. Je ne sais laquelle il choisira. Elles sont bien toutes les deux.

Ils demandent 20 jours pour les avoir sur carton. C’est plutôt long. Je m’arrangerai de manière à pouvoir t’envoyer une épreuve avant. Je te quitte mon Loulou mille fois adoré en t’envoyant les plus doux baisers. Ta petite fiancée qui t’aime de tout son coeur,

Germaine