Paris, Le 28 Juin 1915

Mon cher petit Loulou,

Je viens de recevoir ta lettre du 24. Ce n’est pas sans inquiétude que je l’ai lu. Je pensais te savoir à la tranchée de Calonne, quand ce matin sur les journaux, j’ai lu qu’à cet endroit les allemands avaient lancé des gaz asphyxiants et des liquides enflammés et que l’on se battait au corps à corps. Tu vois d’ici comme je suis tranquille à ton sujet. Heureusement que j’ai toujours confiance, sans cela je ne sais ce que je deviendrais. Comme je voudrais être à demain pour avoir de tes nouvelles. Si je n’en ai pas, quelle journée je vais passer.

Ce matin c’est très drôle, je m’en doutais que l’on t’enverrait à cet endroit ; même que j’ai demandé à Papa de bien vouloir m’indiquer sur la carte, car ce n’est pas marqué.

Hier j’ai passé une bonne journée, même trop bonne pour celle d’aujourd’hui. J’ai vendu avec une jeune fille de mon quartier pour les orphelins. La recette n’a pas été trop mauvaise. Mais le temps ne nous a pas beaucoup favorisé, il était très orageux. Heureusement qu’il n’a plu qu’à l’heure du déjeuner.

Je t’envoie un autre genre de fleur ainsi qu’un drapeau.

En espérant que ma lettre te trouvera toujours en bonne santé et en attendant impatiemment de tes nouvelles, je t’envoie mon petit Loulou chéri mille de mes plus doux baisers.

Ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine