La Journée Française

25-05-15

Paris, Le 25 Mai 1915

Mon petit Loulou chéri,

J’espère que tu as reçu mes cartes postales ainsi que celle d’hier que j’ai griffonnée au bois. Quelles journées !

Je m’en rappellerai longtemps. Il faisait une chaleur torride. Cette fois-ci, si la recette est moins élevée, c’est bien la faute aux organisateurs. Il ont eu l’invention de mettre tous les enfants des écoles pour quêter. Ce qui fait que nous étions au moins huit cent par quartier. Tu vois d’ici qu’il ne manquait pas de personnel pour Paris.pp-24-05-15

Nous étions tous les uns sur les autres. Cette foule de quêteurs et de quêteuses ennuyait le monde et c’est tout. Je me mets à la place d’une personne qui sort de chez elle et qui rencontre sur le même trottoir au moins vingt quêteuses, si elle va loin, elle n’est pas au bout d’être ennuyée. De plus, on avait cette fois-ci taxé les médailles. Elles n’étaient données que contre une pièce blanche. Ce qui m’a passablement amusé, car le soir, elles sont toutes restées pour compte.

Les autres fois, nous ne sommes qu’une centaine de jeunes filles par quartier, ce qui est déjà assez, mais nous rapportions de grosses sommes. Tout le monde a récriminé sur ce sujet.

Je t’envoie une seconde médaille, avec un petit drapeau. Il y en a 7 différents. Ils portent chacun le nom d’une province envahie. Je t’envoie la Champagne où tu étais dernièrement, je t’enverrai la Lorraine, province où tu es en ce moment, dans une de mes prochaines lettres. J’ai trouvé les cartes bien ordinaires. Tu ne trouves pas ?

Je n’ai pas été chez toi, car je craignais que l’on me remarque, surtout deux fois de suite.

J’ai reçu hier une lettre de toi où tu me dis être au repos dans un bois. Tant mieux. J’espère que tu t’es remis de tes fatigues et que tu es maintenant en bonne santé. Tant qu’à moi, je vais on ne peut mieux.

Je termine en te donnant mille baisers.

Celle qui t’adore,

Germaine

 

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