Exulter de fierté

Paris, Le 3 Mars 1915

Mon chéri,

Je viens de recevoir ta bonne lettre du 27 m’annonçant ta mise au repos pour quelques jours. C’est donc un peu de tranquillité pour toi et une joie pour moi que cette lettre, car je te sais si gentil que lorsque tu as une minute de repos, c’est pour me la consacrer en me faisant parvenir de tes nouvelles. Depuis quelques temps, j’en suis privée, mais je ne m’en plains pas, car je sais qu’il t’est impossible d’écrire ; au contraire, recevant moins souvent de lettre, je suis plus impatiente et j’éprouve plus de joie d’en avoir.

Tu es vraiment modeste, tu appelles “léger succès” celui remporté à Mesnil-les-Hurlus lorsque les journaux ont fait l’éloge des troupes qui sont si courageuses et pleines d’entrain et que léger succès se change en : “Nous sommes définitivement maîtres au Nord-Est de Mesnil de tous les points qui dominent ; les informations de Champagne sont de nature à faire exulter de fierté le pays lorsqu’il saura, par les détails que notre état-major nous fournira lorsqu’il jugera le moment venu, tout ce que nos braves (mon Loulou) ont déployé de courage, de ténacité et d’entrain pour percer les lignes ennemies. Nos contingents d’infanterie enterrée sont admirables !!!”

Je tiens ces quelques lignes de l’Echo de Paris. Je vois que tu es très modeste, mais comme je suis fière de toi puisque toutes ces éloges te sont adressées, et comme je suis heureuse de t’aimer !

echo

Je vais terminer car le jour baisse et je ne vois plus pour écrire. En attendant que ma lettre te trouvera en parfaite santé et recevoir bientôt une gentille lettre de toi, je t’envoie mon petit chéri, beaucoup de baisers.

Celle qui t’aime,

Germaine

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