Communiqués alarmants

langage fleurs 11

Paris, Le 1er Mars 1915

Mon Loulou chéri,

Comme je deviens paresseuse ! Je ne t’ai pas écrit depuis 3 jours. Tu dois t’ennuyer de ce long silence ? Ne recevant pas de nouvelle de toi depuis longtemps, je remettais au lendemain pour t’écrire. Hier Dimanche, j’ai reçu un petit mot de toi qui m’a fait un grand plaisir et qui m’a un peu rassuré, mais pas beaucoup.

Je te sais en bonne santé, c’est le principal ; mais comme tu dois être fatigué, puisque tu me dis que tu ne t’es pas couché faute de surcroit de travail.

Mon pauvre petit Loulou ! tu me dis de ne pas m’inquiéter et d’avoir confiance. Confiante, je le suis, car je crois de toute mon âme que je te reverrai comme je crois et j’espère devenir ta femme. Mais ne pas m’inquiéter, c’est une autre affaire. Je tremble en lisant les journaux, surtout le communiqué, qui ne parle presque que de Mesnil-les-Hurlus, en des termes plutôt alarmants pour moi : Les attaques se succèdent depuis huit jours sans arrêt, d’importants progrès ont été réalisés. Je suis très fières du progrès acquit, mais je suis très inquiète en pensant aux peines et aux souffrances qu’ont dû subir nos braves soldats, entre autres mon petit chéri.

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Le Petit Parisien, 28-02-1915

Jamais notre gratitude sera assez grande pour vous remercier de tout ce que vous avez fait pour nous ! Ta petite Germaine comprend tes souffrances et t’en est infiniment reconnaissante. Quand est-ce que je pourrai te prouver ma reconnaissance ? Quand est-ce que je pourrai effacer tes souffrances de mes baisers ? Comme tu es digne d’être aimé !!! et comme je me trouve petite à côté de toi !

J’ai vu Madeleine hier, cette pauvre amie vient d’avoir une vive émotion. Ne recevant plus de nouvelle de son fiancé depuis plus de dix jours, elle apprend par une personne qui se croyait très bien renseignée que la musique du 72e avait été faite prisonnière. Elle croit cette sornette et se met à se désoler. Hier à sa grande surprise, elle reçoit deux lettres de Robert qui est en parfaite santé à tes côtés à Mesnil-les-Hurlus. Aussi cela lui apprendra à ne plus croire les gens qui prétendent être très bien informés.

Je te quitte mon adoré en t’envoyant es doux baisers de ta petite fiancée qui pense sans cesse à toi,

Germaine

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