L’explication de mon silence

Paris, Le 28 Janvier

Mon pauvre petit Loulou,

Je reçois à l’instant ta lettre du 25 Janvier où tu es sans nouvelle de moi depuis 3 jours et où tu parais fort triste ; aussi je suis très en colère après moi car cela doit être un peu de ma faute.

Je suis restée en effet deux jours sans t’écrire du 18 (lettre où je t’envoyais ma photo) au 20 janvier ; mais, que voulais-tu que je t’écrive, je ne recevais rien de toi depuis six jours et c’est à ce moment là que Madame Sut se désolait tant d’être sans nouvelle de son fils. Je ne savais pas quoi penser à ton sujet !

Si tu te rappelles bien lors de ton voyage du front à ton cantonnement de repos, tu ne m’as pas écrit. Ne recevant rien, j’attendais des nouvelles. Voilà l’explication de mon silence.

Je suis loin de t’adresser un reproche pour ton exigence et je ne dis pas comme toi “c’est bien fait”. Je dis au contraire c’est malheureux, ce pauvre Loulou a dû s’ennuyer et c’est ma faute. Plutôt celle de tes chefs qui ont fait durer ce voyage trop longtemps et qui l’ont enlevé le temps de m’écrire.

J’espère que maintenant tu reçois régulièrement mes lettres. tant qu’à toi, tranquillise-toi, depuis le Dimanche 17, j’ai reçu avec grand plaisir une lettre de toi tous les jours donc toutes tes lettres me parviennent.

C’est aujourd’hui que je vais passer l’après-midi avec Madeleine aussi je manquerais pas de penser à toi. En attendant tes bonnes nouvelles, je t’envoie mon adoré mes baisers les plus tendres.

Ta petite fiancée qui t’aime,

Germaine

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