Le 10 Mai 1917

Mon mignon chéri,

Ce matin, je n’ai pas eu ma lettre. Je l’aurai peut-être ce soir ? Hier soir, Grande nouvelle ! J’ai vu un cheval pie. C’est bien long à venir ce qu’ils devaient m’annoncer ! C’est le 5e depuis 15 jours. Ça devient de plus en plus extraordinaire. Mais je ne vois toujours pas de changement dans la situation actuelle.

Hier soir (c’est peut-être ça la nouvelle), j’ai rencontré dans l’avenue le jeune homme qui avait quêté avec moi le jour de la fête des fleurs à Cayeux.

Je ne sais ce qu’il lui a pris. Il s’est mis à me faire une déclaration. Que j’étais toujours aussi charmante qu’à Cayeux, même plus. Que je ne vieillissais pas, que j’avais toujours conservé mon air de candeur et d’innocence qui m’allait si bien et qu’il aimait tant. Heum !!!

Enfin, une tirade qui n’en finissait pas. Mais je l’ai vite fait finir en lui annonçant que j’étais fiancée depuis plus de trois ans et que si c’était pour me faire des compliments, je préférai suivre mon chemin. Quelle tête !!! Ça m’a fait bien rire. De plus, il était très vexé parce que je lui ai demandé ce qu’il faisait là à 21 ans. Pas encore parti, mais c’est honteux. Et après avoir raconté tous tes exploits et les dangers que tu courais, je l’ai quitté.

Il m’a souhaité bonne chance, malgré tout. J’ai trouvé cette aventure très amusante. Comment la trouves-tu chéri ? Je suis sûre que toi aussi cela va te faire rire.

A part ça, rien de neuf à t’annoncer.

En attendant de tes nouvelles et en espérant que tu es toujours en parfaite santé. Je t’envoie mon petit Lou adoré les plus doux baisers de ta petite

Mino