Quelle gosse !

Le 17 Août 1916

Mon chéri,

Je reçois à l’instant ta gentille lettre du 16. Rien d’étonnant que vous ne puissiez pas voler en ce moment, ici il fait très vilain temps aussi. Nous avons orage sur orage. Cet après-midi, je suis rentrée trempée d’avoir été conduire mon amie à Juvisy. Nous avons été surprises pas l’orage et nous n’avons pu nous abriter nulle part.

Comme distractions maintenant, il me reste ma petite Paulette. Hier, j’ai été passer ma matinée près d’elle. Je lui découpe des images, ce qui l’amuse beaucoup. Mais ce qu’elle aime le mieux, c’est que je l’enveloppe dans une couverture et que je la promène chez elle. Vois d’ici l’amusement. Je joue à la poupée comme une vraie gosse et je raconte de belles histoires de fées. Aussi, lorsque vient l’heure du départ, c’est une vraie comédie et il faut chercher mille ruses pour sécher les larmes. Pour Paulette, ce n’est pas dix-huit ans que j’ai, mais au moins six ans. Pense, je suis sa fille ! Un vrai bébé quoi ! Et il faut voir avec quelle patience je me laisse faire. Je suis tout à fait dans mon rôle.

Quelle gosse je suis de te raconter tout ça, tu vas certainement dire que je suis une fiancée plutôt enfant !

J’espère mon grand chéri que tu es toujours en bonne santé, je compte les jours avec impatience pour arriver à la fin du mois, encore 13 demain, c’est long à attendre pour t’avoir près de moi !!!

Enfin je vais tacher de prendre patience. Reçois de ta fiancée des millions de baisers,

Germaine

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