Pas de chance avec les appartements

Le 20 Juin 1919

Mon petit chéri,

A ma grande joie, j’ai trouvé hier soir à mon retour deux mignonnes lettres, aussi ça a été tout de suite mieux. Je vois que toi, mon pauvre Loul, tu n’es guère favorisé par la correspondance puisque mes lettres te font défaut, j’espère que tu en as reçu un gros paquet le lendemain.

Tu sais petit Loul, ne te presse pas pour les ciseaux. Je n’en ai nullement besoin tout de suite. Quant à ceux de ta tante, ce n’est pas pressé non plus.

Hier, j’ai fait une bonne partie des rues de Montmartre et je n’ai rien trouvé qu’un petit logement minuscule, d’une chambre et d’une cuisine au 7e. La chambre est tellement grande que j’ai cherché pendant plus de cinq minutes où l’on pouvait bien mettre le lit. Le plus amusant, c’est que la concierge m’avait donné la clef et que j’ai été au petit bonheur, à la recherche de la porte, que j’ai du reste bien trouvée.

J’ai trouvé une autre chambre épatante : il pleut dedans ! Je suis rentrée vannée mais pas découragée sachant très bien que les écriteaux pour Octobre ne sont posés qu’à la fin du mois.

Figure-toi que le locataire du square Clignancourt est venu hier dire à ton père qu’il ne pourrait déménager pour le 15 Juillet. Voilà autre chose ! C’est tout à fait amusant. Ça fait que je ne sais pas ce que ton père va faire ! Ils ont décidément pas de chance avec leurs appartements.

J’ai hâte d’être à la semaine prochaine pour savoir ce qu’il va se passer. J’espère que nous serons fixés et que tu ne tarderas pas à être envoyé à l’arrière !

Sur ce petit Loul, je te quitte pour aller voir ce cher dentiste.

En espérant que ma lettre te trouvera en bonne santé et qu’elle te parviendra vite, je te quitte petit chéri en t’envoyant une foule de bien douces caresses de ta petite gosse qui trouve le temps bien long sans toi,

Mino

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