Tu n’as pas l’air de t’amuser beaucoup

Le 6 Novembre 1917

Tout petit chéri,

J’ai reçu hier soir ta mignonne lettre du 2 qui est antérieure à ta petite apparition de Dimanche. Je vois dans cette lettre que tu n’as pas l’air de t’amuser beaucoup. Il me semble même qu’elle contient une ombre de “Glos cafal” !!! Pauvre petit Loul, je comprends que cela ne doit avoir rien de drôle de rester ainsi sur le terrain à ne rien faire ! J’espère que la bonne nuit passée à Paris a chassé complètement le vilain cafard et en même temps détruit la mauvaise impression de l’arrivée. As-tu commencé le rouleur ? Et es-tu parti à Verrines ?

Verrines

J’ai vu Pierre hier. Il me disait qu’il ne savait pas s’il te verrait. Il a pris ce matin le même train que toi Dimanche dernier. A l’heure où je t’écris, il doit être arrivé depuis longtemps.

J’avais pensé lui donner une lettre pour toi, celle d’hier, mais j’ai réfléchi qu’il valait mieux la mettre à la poste, s’il ne te voit pas, après tu serais sans nouvelles.

Tantôt, j’attends Marie-Louise. Elle devait venir hier, mais je lui ai envoyé un mot pour la prévenir qu’elle trouverait porte close, que j’allais chez toi. Je lui ai dit que si elle veut et si cela ne la dérange en rien, qu’elle vienne aujourd’hui Mardi. Aussi je l’attends sans l’attendre !

Demain, j’irai voir cette pauvre Madame Schwab à sa maison de santé. C’est assez loin, à l’église de Montrouge. J’ai vu Loulou hier soir au moment où je partais, aussi j’ai eu de ses nouvelles. Elle ne va pas plus mal, on l’opère Jeudi prochain.

 

A part ça, rien de nouveau à t’apprendre.

En espérant que tu es en bonne santé et que tu ne t’ennuies pas par trop, je t’envoie mon Loul Aimé de bien douces cerises de ta gosse qui pense bien à toi,

Mino

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