Exposition des Arts et de l’Industrie

Le 5 Novembre 1917

Petit Loul Aimé,

Je ne t’ai pas écrit hier, pourtant j’en avais bien l’intention. Quoique je t’ai vu quelques minutes. Je voulais quand même te mettre un petit mot afin que tu ne restes pas un jour sans nouvelles, mais j’ai été empêchée, voici pourquoi :

A déjeuner, Pierre est venu me demander si je voulais bien aller avec tes parents en matinée. Ton père avait des billets pour visiter une exposition au Palais des Arts et de l’Industrie, et en même temps, assister au concert.

J’ai accepté avec plaisir, vu que je ne savais pas du tout comment passer mon après-midi. J’étais tellement sûre que tu viendrais, que je n’avais rien projeté.

Etoile 1

Je me suis bien vite habillée et j’ai été au rendez-vous fixé. C’était au 7 rue de Tilsitt, tout à côté de l’Étoile. J’étais en retard. Pierre m’avait dit 2h, je suis arrivée à 2h10. Ton père, Suzanne et Pierre m’attendaient depuis quelques minutes seulement. Lorsqu’ils sont arrivés, il n’y avait plus de place au concert, aussi nous avons été quitte à ne voir que l’exposition.

Ma foi, c’était très joli. M. Sevette et Pierre ont été très intéressés en regardant diverses mécaniques. Nous deux, Suzanne et moi, surtout par les belles lingeries, les robes, les ameublements.

Il y avait entre autre un joli salon style empire qui plaisait fort à Monsieur Sevette. Il m’a dit que lorsque nous nous marierons, il m’en payerait un comme ça. Je ne demande pas mieux. Celui-là coûtait le modeste prix de 2.900fr. Une paille pour ainsi dire. Il trouvait que ce n’était pas assez cher !

Nous avons visité depuis le rez-de-chaussée jusqu’au grenier. Après, nous avons été faire un tour au bois, et nous sommes rentrés par le métro. Je les ai accompagné jusqu’à Belleville, là, j’ai continué jusqu’à la Nation et puis de là à la Gare de Lyon où je suis descendue et rentrée tout tranquillement.

J’étais assez satisfaite de ma journée, quoique j’aurais préféré te voir toute la journée. Un quart, c’était bien peu, surtout qu’il n’y a pas eu de délicieuses cerises. Quand [sic] dis-tu petit Loul ?

Enfin, il ne faut pas en demander de trop ! J’espère que tu es bien rentré et que tu as pu commencer le rouleur ! Hier, il faisait assez beau.

Tantôt, je vais chez toi. Suzanne m’a dit de venir de bonne heure parce qu’elle est toute seule. Mme Schwab devait rentrer hier dans une maison de santé pour son opération, aussi Loulou ne pourra pas venir. Pour changer, je ne suis pas en avance. Il est 2h½.

Je termine bien vite en t’envoyant mon Loul Aimé les meilleures tendresses de ta gosse qui t’adore,

Mino

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