Le 23 Juin 1917
Petit Loulou chéri,
J’ai reçu hier soir ta gentille lettre du 20. J’ai bien ri en apprenant que tu étais le moniteur de ton lieutenant. C’est peu flatteur pour lui et ça l’est beaucoup pour toi. Ça fait voir que tu es le meilleur pilote de ton escadrille, aussi j’en suis très fière !!!
Sois certain mon chéri que je ne commets pas d’imprudences, j’écoute les conseils que tu m’as donné la dernière fois que je t’ai vu, mais là, ça n’était pas tout à fait de ma faute, mais celle du soleil.
Maintenant, je ferai doublement attention afin de ne pas t’inquiéter. Je suis de ton avis. Si Marie-Louise veut faire de la bécane, elle n’a qu’à venir me chercher, surtout qu’elle, elle peut venir vers 11 heures du matin, il fait moins chaud et déjeuner avec nous, chose que moi je ne peux faire.
Aussi Jeudi, elle m’a demandé de faire une dernière promenade Dimanche avant son départ, je lui ai dit de venir me chercher, sans quoi que je préférai aller me promener à pied. Elle part le 5 Juillet. Ça fait plus beaucoup de jours à être ensemble. Elle est désolée que je n’aille pas avec elle.
Si il ne tenait qu’à moi, j’irais tout de suite, mais mon père n’a pas les mêmes idées que moi. Je lui ai déjà parlé du désir de Marie-Louise, mais il ne répond pas. Je n’ose insister de peur de le mettre de mauvaise humeur contre moi. D’un autre côté, je ne peux le laisser seul. Hier, il me disait qu’il prendrait certainement des vacances en Juillet. Qu’il avait besoin de se reposer et qu’il voudrait aller aux alentours de Paris. Moi, ça ne me sourit guère, car comme distractions, je n’en aurais pas plus qu’en restant à Paris. Ça me plairait d’aller avec Marie-Louise parce que je ne serais pas seule, mais sans elle, ça ne me dit rien. Enfin, d’ici là, j’aurai le temps de t’en reparler. Je crois que j’aimerais encore mieux rester à Paris. Comme cela, si tu venais me surprendre, je serais là.
A part ça, rien à te dire.
En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon mignon Loulou une foule de caresses de ta petite
Mino
