Pauvre Jeannot !

Le 29 Avril 1917

Petit Loulou Aimé,

Je continue à être gâtée ! Aujourd’hui, j’ai encore eu le plaisir de recevoir deux gentilles lettres. Ce matin, j’étais encore couchée quand le concierge a apporté celle du 25. Il était 8h -m10. Aussi, au coup de sonnette, j’ai sauté à bas de mon lit et j’ai couru à la porte. Je suis revenue la déguster dans mon lit.

J’espère que ton nouveau coucou ne t’a pas donné trop de mal à l’essayer ? Tu n’oublieras pas mon lapin sur l’ancien. Ce pauvre animal serait désolé si tu l’abandonnais. Quand je pense que j’ai joué avec lorsque j’étais gosse et que maintenant il voit la bataille. Quel honneur pour lui, pauvre Jeannot ! Il pourra écrire ses mémoires !

lapin-baionetteA dix heures, nouvelle lettre, mais du 24. Celle du 25 comme tu vois est arrivée avant.

Inutile de te défendre pour la signification de la ceinture, je n’en ai pas douté une minute. J’en serais d’ailleurs complètement incapable. Tant qu’au petit mot au crayon, ça ne m’étonne pas que tu ne t’en souviennes plus. Comme mot, c’était l’entête d’une de tes lettres. C’est moi qui me suis mal exprimée. Je te demandais tout simplement pourquoi “Petite chatte Aimée” était écrit au crayon et le reste à l’encre ? Je ne vois pas en quoi tu mérites une cabane à Charenton pour ça. Mhmm !!! J’en réclame une moi aussi alors. Sans quoi qu’est-ce que je deviendrais sans mon chéri ?

Tu m’excuseras si je griffonne un peu, mais je suis très pressée. J’ai rendez-vous avec Marie-Louise à la Concorde et pour changer, je suis en retard. Aussi je termine.

En espérant que ta santé est toujours bonne, je t’envoie mon mignon Lou, les plus doux baisers de ta

Mino

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