Minime accident

Le 8 Septembre 1916

Mon Loulou chéri,

J’ai reçu ce matin ta lettre du 7 et j’ai été bien effrayée et bien désolée en apprenant l’accident qui t’était arrivé. Surtout, c’est bien vrai, tu n’as rien du tout ? Depuis ce matin je ne vis plus, j’ai tellement peur que tu te sois fait du mal et que tu n’oses me le dire. Comme tu ne m’as pas écrit le 6 et que c’est justement ce jour-là que tu as fait cette chute, je crains que tu n’aies pu le faire. Ecris-moi vite que je me trompe, je suis si inquiète !

Tu me dis de ne pas m’effrayer de ta petite bûche comme tu dis si ironiquement, que ce n’est qu’un simple et minime accident. Pas si simple et si petit que ça, puisque la vie de mon chéri était en jeu.

Je suis bien ennuyée pour toi, si tu ne restes pas sur Nieuport, car ça avait l’air de tant te plaire. Enfin, cette petite faute aura peut-être moins de conséquences que tu le penses. Ça arrive à tout le monde et on te laisseras peut-être là. En tout cas, si tu restes là, mais sur Caudron, ton adresse ne sera plus la même ? Enfin, je souhaite que tout s’arrange pour le mieux.

Quant à ta permission, mon pauvre chéri, ce n’est qu’un détail. Lorsque j’ai lu ta lettre, je t’assure que je n’ai pas fait bien attention. Le principal pour moi, c’est qu’il ne te soit rien arrivé comme tu le laisses entendre. Nous attendrons un peu plus longtemps et voilà-tout. Pour s’être fait attendre, elle n’en sera que meilleure

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