Je fais de la lingerie

Le 9 Août 1916

Mon petit Loulou chéri,

J’ai reçu tes mignonnes lettres du 6 et du 7 hier. Cette dernière, j’ai eu le plaisir de la lire avant de m’endormir. Nous avions été à bicyclette, aussi comme j’étais assez fatiguée, je m’étais couchée de bonne heure et le soir, mon père en fermant la porte a trouvé ta lettre. Ce qui m’a fait double plaisir.

Je suis très fière de moi, pour la première fois, je suis parvenue à monter en entier la côte de Joinville, malgré 40 kilomètres dans les jambes. Je fais des progrès.

Comme toi, je trouve qu’il est regrettable que je n’ai pas été avec Marie-Louise, car je t’assure que ça n’a rien de gai en ce moment pour moi : loin de mon petit chéri, sans amie, je trouve les journées bien longues et bien monotones. Je me suis mise à travailler. Je fais de la lingerie que je vends ensuite. Ça  me distrait un peu, mais je suis toujours enfermée. Comme je voudrais que tu aies passé ton brevet pour pouvoir te revoir. Car voilà bientôt un mois que je n’ai eu ce bonheur.

Enfin, je reprends courage en pensant que je t’aurai quatre grands jours près de moi ! En as-tu encore pour longtemps ? Il est vrai que je ne tiens pas du tout à ce que tu ailles vite, puisque tu dois repartir après !!!

J’espère que tu es toujours en bonne santé. Ici, il fait toujours très chaud pour ne pas changer.

Reçois mon Loulou chéri les plus tendres baisers de ta fiancée qui t’aime follement,

Germaine

Creative Commons License