Je suis désolée

Paris, Le 8 Juin 1915

Mon petit Loulou,

Je viens de recevoir ta lettre du 4, j’en suis toute désolée. Tu me dis que tu es très étonné d’un long silence de 4 jours et que tu doutes que je reçoive tes lettres car tu es sûr que j’y répondrais.

Mon petit chéri, je te le répète, je suis désolée. Voici près d’un mois que tu ne me causes jamais de mes lettres.  Je trouvais cela bien drôle, mais j’ignorais que tu n’en recevais pas. Je suis sûre qu’elles ne te sont pas données, pour une bonne raison, c’est que dans mes lettres, je te pose quelque fois des questions, jamais tu n’y réponds. C’est donc qu’elles ne te parviennent pas.

L’adresse que je mets est-elle exacte ?

Ces quelques lignes que tu me mets dans ta lettre m’ont laissé perplexe et m’ont beaucoup fait pleurer, tu as presque l’air de m’en vouloir. Mon petit chéri, je te demande bien pardon, j’aurai dû t’ecrire tous les jours. De cette manière, s’il y en avait une de perdue, tu serais forcé d’en recevoir. C’est ce que je vais faire à présent, car je ne veux pas que tu t’inquiètes à cause de moi. Malgré tout, je tiens à te dire que je ne laisse jamais passer trois jours sans t’écrire.

Tant qu’à toi, tu peux être certain que toutes tes lettres me parviennent. Ecris-moi bien vite que tu as reçu de mes nouvelles et que tu ne m’en veux pas car je m’ennuie beaucoup.

As-tu seulement reçu ma photo, moi qui était si heureuse de te faire cette surprise.

J’espère que ta santé est toujours bonne.

En attendant impatiemment une lettre de toi, je t’envoie mon petit Loulou mes plus tendres baisers,

Germaine

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