Douches froides

Paris, Le 23 Avril 1915

Mon pauvre Loulou,

Je t’avais promis dans ma lettre d’hier de t’écrire une longue lettre. Mon pauvre chéri, je n’ai pas tenu ma promesse ce qui fait que ce soir, je suis très mécontente de moi. Aussi, je ne veux pas m’endormir sans t’écrire ce mot. Les jours où je ne t’écris pas, je suis toujours de mauvaise humeur. Lorsque mon coeur n’est pas venu s’épancher dans le tien, je me sens bien seule et je me trouve malheureuse, tandis que lorsque je viens bavarder avec toi, je suis toute heureuse.

Mon bon chéri, je suis sûre que tu vas me pardonner lorsque tu sauras pourquoi je ne t’ai pas écrit. J’ai été chez un médecin. Ne t’effraye pas. Je ne suis pas malade, mais j’ai depuis quelques temps des crises de nerfs peu ordinaires. Je ris et je pleure constamment sans aucun motif.

C’est à un point que j’énerve toutes les personnes qui m’entourent et je m’énerve moi-même. Je n’ai jamais été comme cela. Aussi comme j’en ai assez, j’ai été consulter mon médecin qui m’a ordonné des douches froides. Tu vois, la maladie est peu grave. Elle ne valait même pas la peine d’en causer.

J’espère que je suis pardonnée, je te sais si bon que je prends la permission de le faire moi-même. Ai-je raison mon Loulou ? A part les envies de pleurer et de rire, je vais très bien. J’espère que de ton coté, la santé est toujours bonne.

En espérant recevoir une gentille lettre de toi, je te quitte mon chéri pour aller me coucher. Avant de m’endormir, j’embrasse ta photo du plus fort que je t’aime.

Ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

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