Voeux pour 1915

Paris, le 30 décembre

Mon cher Loulou,

Reçois pour la nouvelle année qui va commencer tous mes voeux qui sont très nombreux. Que ta santé soit toujours bonne, que la guerre finisse bientôt afin de te revoir. Car j’espère te revoir en l’an 1915 et goûter à un bonheur plus durable qu’en 1914. Cette année qui va mourir a été pour moi une grande et chère année puisque j’ai eu le bonheur de te connaître et malgré les épreuves qu’elle m’a réservé, j’en ai un très bon souvenir. Le plus délicieux souvenir de ma vie. Puisse 1915 nous être favorable à tous les deux et nous apporter beaucoup de bonheur.

J’ai dans l’idée que je te reverrai pour le mois de juillet prochain. On prétend que la guerre durera plus longtemps, moi je dis que c’est impossible car au bout d’un an de vie en campagne, on doit être à bout de force.

Papa me met fort en colère quand il discute à ce sujet. Il prétend que les allemands, on les aura, mais il faut qu’on les use petit à petit. Très jolie son idée ! Mais pour user les Boches, nos gentils soldats s’usent aussi ; cela, il ne peut pas le comprendre.

Si mon pressentiment était vrai. Quel bonheur ! Enfin j’attends avec patience la fin de la guerre, car je sens que plus dure notre séparation plus je t’aime.

30-12-14

En te souhaitant beaucoup de chance pour cette nouvelle année, je t’envoie mon Loulou adoré de nombreux baisers bien doux.

Celle qui t’aime de tout son coeur,

Germaine

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