Le 26 Février 1919

Petit chéri Aimé,

Je pense que tu n’as pas encore déménagé et que bientôt j’aurai le plaisir de te revoir. Il fait toujours très vilain temps, aussi cela me donne beaucoup d’espoir.

Ce matin, j’ai été désillusionnée. J’ai entendu ma porte de chambre s’ouvrir, je dormais encore, j’ai tout de suite cru que c’était mon Loul qui venait me surprendre au dodo, mais pas du tout ! C’était Maman qui me rapportait le réveil que j’avais prêté à Pierre hier soir ! Pour la peine, je suis restée couchée un quart d’heure de plus, na !

Hier soir, je n’ai pas gagné de gros sous. Pierre étant sorti après le dîner, nous n’avons pas fait notre petite partie. C’est très regrettable ! J’ai fait encore un affreux cauchemar ! J’ai rêvé qu’un homme (pas l’Homme à la cagoule ! Un autre) me coupait le cou avec un grand couteau, aussi je criais de toutes mes forces et personne ne venait à mon secours. Je n’avais pas cette fois-ci mon petit Coco chéri pour me réveiller de ce vilain rêve.

J’espère que tu es toujours en bonne santé et que bientôt j’aurai une mignonne lettre.

Dans cet espoir, je te quitte petit Loul Adoré en t’envoyant une foule de bien doux baisers de ta petite gosse qui t’aime follement,

Mino