Dégoutée pour toujours des sorties

Le 26 Juillet 1918

Mon petit Loul chéri,

J’espérais bien te voir hier. Je t’ai attendu toute la journée et ne suis pas sortie. Malheureusement, je n’ai vu personne. Pas de Loul ! Croyant te voir, je ne t’ai pas écrit. Aussi, aujourd’hui, je ne veux pas que la journée se passe sans te mettre un mot. Serais-tu déjà parti ? Ou ne pourrais-tu ne plus venir ?

Je suis bien désolée d’être sortie l’autre jour. J’ai eu a peine le temps de te causer, quand j’aurais pu t’avoir près de moi 4 grandes heures ! C’est à me dégouter pour toujours des sorties !!! Si encore j’étais sûre de te trouver, j’irais bien te voir, mais si nous nous croisons en route, cela n’avancera à rien. Ça me fait rager de te savoir près de moi et de ne pouvoir te voir.

Si tu ne peux pas venir, dis-le moi ? J’irai te voir. Soit par le chemin de fer, soit en bécane. Je connais bien le chemin. C’est la même route que pour aller au Bourget, mais plus loin.

                      → L’escadrille VB 107 est stationnée à Roissy-en-France

Roissy
Roissy-en-France, le 21/08/1918

En espérant te voir avant la réponse et que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon petit Loul Aimé, les plus douces cerises de ta petite gosse qui t’attend avec beaucoup d’impatience,

Mino

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