Réveillon à l’Opéra

Le 27 Décembre 1917

Mon petit Loul Aimé,

J’ai reçu hier soir ta gentille petite lettre du 24. Je vois avec plaisir que le menu du réveillon était assez bien soigné. J’espère qu’il a été aussi copieux en gaietés.

J’ai vu Marie-Louise hier, qui m’a raconté son réveillon à l’Opéra. Ces demoiselles étaient tellement dans un joli état, qu’on a été obligé de les reconduire chez elles. C’est du beau. Heureusement, Marie-Louise n’avait pas très soif ce soir-là. Ça fait qu’elle était restée potable avec une autre camarade. Ça fait qu’à elles-deux, elles se sont chargées de ramener les autres chez elles. Ça devait faire riche !

Enfin, son histoire m’a bien fait rire et je lui ai pardonné de m’avoir fait passer un si mauvais Noël. Mademoiselle attendait une dépêche d’Espierre, aussi c’est pour cela qu’elle n’est pas venue. Elle l’a vu Vendredi dernier. Il était de passage à Paris. Il doit aller à Meaux chercher une auto. Aussi, Marie-Louise ira. C’est pour cela qu’elle attendait la dépêche. Mais elle n’est pas encore venue. Elle est restée très peu de temps, craignant qu’elle arrive pendant son absence.

Ça fait qu’à l’heure actuelle, elle est peut-être partie là-bas. Veinarde ! Comme elle a de la chance de faire tout ce qu’elle veut. Comme je l’envie !!!

Moi, c’est pas mon réveillon qui m’a fait mal au coeur. A 9h, j’étais au lit. Enfin, pour un bébé, c’est assez naturel.

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je te quitte petit Loul pour aller bien vite travailler. Reçois de ta gosse qui t’adore, des millions de tendres baisers,

Mino

 

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