Une tête sans cervelle

Le 7 Août 1917

Mon petit Loul aimé,

Je reçois à l’instant ta gentille missive du 5. Mon petit chéri, je suis très courageuse maintenant et j’attends assez patiemment ta si longue permission à venir. Je me suis raisonnée et j’ai reconnu mon tort et je te demande bien pardon, car je t’ai encore fait faire du mauvais sang. Lorsque je dis que je ne vaux pas grand chose à côté de toi, j’ai bien raison, je ne suis bonne qu’à t’inquiéter. Mais tu sais comme je suis emballée !!! Aussitôt ta lettre reçue, je n’ai vu qu’une chose, que tu ne viendrais que dans 2 mois, que je resterai encore longtemps loin de toi. Aussi, comme une petite bête, j’ai pris une feuille de papier et aussitôt sous le coup, je t’ai dépeins mon désespoir au lieu de réfléchir bien sagement. Je suis une tête sans cervelle, voilà tout.

Pour le moment, je suis en rage après la concierge, elle vient de m’apporter ta lettre, il est 4 heures et cette dernière est arrivée à 10 heures. Madame n’était pas là depuis ce matin. Aussi, je suis obligée d’écrire ma lettre comme une folle afin qu’elle puisse quand même partir avant le courrier. Ne me parle pas des concierges !!!

En espérant que tu es toujours en bonne santé, je t’envoie mon Aimé une caisse de délicieuses cerises de ta gosse qui t’adore,

Mino

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